« Breaking Bad » : « Caballo Sin Nombre » (3x02)

Publié le par tejipe

Alors qu'il roule en plein désert, fredonnant allègrement « A Horse with No Name » - le succès musical du groupe rock « America  » - Walter White est arrêté par un officier de police. Le motif invoqué n'est pas un dépassement de vitesse, mais le pare-brise fissuré du véhicule. Détenteur d'un document administratif, qui stipule qu'il a été endommagé par la chute d'un morceau de carlingue (provenant du crash aérien survenu au dessus des habitations d'Albuquerque), le policier doute de la probité du conducteur. Problème de taille : le Walter White actuel – connu dans les domaines de la drogue et de la justice, sous le pseudonyme de « Heisenberg » - n'est désormais plus un professeur de chimie servile et un citoyen discipliné !

Si la scène d'ouverture de « Caballo Sin Nombre » - la traduction espagnole de « Un Cheval sans Nom » - est graphiquement moins éloquente que celle du « season premiere », elle résume à merveille la situation catastrophique dans lequel se débat le protagoniste. S'il garde espoir – Walter White a connu maintes avanies depuis le pilote de « Breaking Bad » - l'amoncellement de difficultés familiales – la séparation d'avec sa femme et ses deux enfants – commencent à miner le moral inébranlable qu'il s'est forgé.

Hormis quelques apparitions de Jesse Pinkman - son « partner in crime », qui rachète comptant la demeure parentale, dans lequel il résidait et élaborait la méthamphétamine – l'épisode est quasiment dédié au personnage principal. Des collaborateurs assidus du « show » - Adam Bernstein, à la réalisation et Peter Gould, à l'écriture – offrent au téléspectateur deux scènes – amusantes et inquiétantes, de part leur dissonance – dans lesquelles figurent le duo de « bandidos » mexicains.

Dans la première, ils rendent visite au père impotent de Tuco Salamanca – le trafiquant psychopathe de la deuxième saison – dans l'hospice de vieillards où ce dernier croupi. Aidés d'une planchette de « Ouija » et des indications de la sonnerie retentissante de l'aphasique (voir notamment « Grilled  », l'épisode « 2x02 »), nos compères arrivent à reconstituer le patronyme de l'individu qu'ils recherchent. La deuxième se déroule dans la demeure de Walter – dans laquelle ce dernier s'est introduit par effraction, puisqu'il y est désormais « persona non grata ». Elle se résume en un condensé de tension narrative et d'humour noir percutant !

A l'image de Caïn et de son œil accusateur - métaphore de la mauvaise conscience du personnage biblique – la prothèse oculaire – propriété d'un passager de l'accident aérien, que Walter a repêché dans sa piscine – apparaît pour témoigner des actes répréhensibles et des conséquences désastreuses qui en découlent ! D'autres éléments tels que l'abandon de la gigantesque pizza « sur un toit brûlant », la volte-face de Flynn White, qui récupère son ancien prénom de Walter Jr., la réapparition de Mike le « nettoyeur » (notamment) finissent de peaufiner le petit joyau que représente cet épisode.

Dès les prémisses de sa série, Vince Gilligan a intégré une indispensable notion scénaristique : l'inutilité de multiplier scènes hystériques et effervescence des protagonistes, censés construire un « show » efficient. En place et lieu de ces travers narratifs - présents – hélas - dans de nombreux programmes, le « showrunner » de « Breaking Bad » privilégie tension et simplicité, deux qualités qui conduisent à l'efficacité. S'il ne confond pas « vitesse et précipitation », il traite – par la-même - son auditoire avec respect et avec l'intelligence que ce dernier est en droit d'attendre !

Publié dans Breaking Bad

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