« Breaking Bad » : « Abiquiu » (3x11)

Publié le par tejipe

La découverte - dans le cendrier de son véhicule - d'une cigarette tachée de rouge à lèvres renvoie Jesse Pinkman a une journée précise de son existence. Sa compagne du moment – feue Jane Margolis – avait alors conduit le dealer béotien à admirer une exposition de peinture, dont l'artiste ne peignait que des portes ! Aussi peu esthète, que romantique, sa personnalité autodestructrice le pousse surtout à s'attacher à un type de femmes à la psychologie spécifique. Au cours de l'épisode, Jesse s'amourache d'Andrea - une jeune toxicomane d'origine hispanique – qu'il aborde à une cession des « Narcotiques Anonymes ».

La semaine dernière, Walter White avait évoqué - avec son coéquipier - sa rencontre fortuite - dans un bar - avec Donald Margolis. Aiguilleur du ciel, le père de Jane s'est rendu responsable de la collision aérienne de deux avions, survenue au dessus de la ville de résidence des protagonistes, Albuquerque, Nouveau-Mexique. Cette fois-ci, c'est Andrea qui apprend à Jesse que Tomas - son neveu âgé de dix ans - a abattu de sang-froid - au cours d'une cérémonie d'initiation de gang - un dealer venu empiéter sur le territoire adverse. La victime de l'assassin en herbe n'était autre que Christian « Combo » Ortega, un des trois acolytes de Jesse. Fille-mère d'un jeune Brock, la jeune femme refuse que son fils suive les traces délictueuses de son parent.

Skyler White tombe définitivement le masque de la probité, elle qui s'affichait comme vertueuse, face aux agissements coupables de Walter. Au cours de « Kafkaesque » - l'avant-dernier épisode - elle avait surpris ce dernier en réclamant qu'il règle – grâce à l'argent de la méthamphétamine qu'il synthétise – la totalité des frais médicaux d'Hank Schrader - son beau-frère, agent du « DEA » - grièvement blessé. Dans cet épisode, la hiératique et sculpturale épouse et mère de famille n'hésite pas à s'aventurer davantage du « côté obscur de la Force ». Elle incite son mari à racheter la station de lavage automobile dans lequel il était employé, et ce afin de blanchir l'argent de la drogue. Ironie de l'histoire, Walter pourra ainsi devenir l'employeur du gérant qui l'humiliait alors que – simple professeur de chimie désargenté – il était obligé d'occuper un second emploi, afin de subvenir aux besoins de sa famille.

Quant à Hank Schrader – que l'on imaginait davantage « volontariste » - sa rééducation fonctionnelle s'avère plus douloureuse que prévue. Les encouragements de sa famille, et plus particulièrement de Walter White Junior - son neveu qui souffre d'infirmité motrice cérébrale – ne lui sont d'aucun secours.

Si l'intrigue de « Fly » - le huis-clos philosophico-existentialiste de la semaine dernière - évoluait autour de l'irruption - dans la vie de Walter White - d'une mouche au comportement aussi envahissant qu'obsédant, celle de « Abiquiu » est placée sous le signe de la commémoration. Le téléspectateur s'aperçoit également que le monde dans lequel évolue les personnages de « Breaking Bad » s'apparente à un microcosme au relationnel restreint et aux interconnexions « karmiques » !

La réapparition - durant le prologue de l'épisode - de Krysten Ritter – qui interprétait Jane Margolis – démontre que l'actrice semble désormais abonnée aux rôles de personnages torturés et suicidaires. Actuellement, elle incarne dans « Gravity » - une série diffusée sur la chaîne « Starz » - une version quasi-identique, proche du plagiat. Son physique « gothique » n'est certainement pas étranger à cet état de fait !

Démarré, en début de troisième saison, sur les chapeaux de roues - grâce à la présence emblématique de Leonel et de Marco Salamanca, les deux cousins chauves et taciturnes, venus du Mexique - « Breaking Bad » tend légèrement à piquer du nez, en fin de course ; même si sa qualité narrative intrinsèque lui permet – incontestablement - de surnager, par rapport à la médiocrité télévisuelle ambiante. A deux épisodes de la quille – il ne reste plus qu'à diffuser « Half Measures » et « Full Measure » - la création de Vince Gilligan (« X-Files ») mériterait de se clôturer en apothéose. M'est avis que ce dernier a concocté une conclusion digne de son talent de « showrunner » !

Publié dans Breaking Bad

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