« Psychoville » : « Pilote »

Publié le par tejipe

Un étrange personnage, tout de noir vêtu, (appelons-le « Le Corbeau ») envoie à cinq destinataires disséminés dans tout le pays, un message sibyllin et laconique « Je sais ce que vous avez fait… ». A partir de là, cette nouvelle série de la chaîne anglaise « BBC Two » nous introduit à différents personnages « haut en couleur ». Un clown manchot qui terrorise les enfants, un collectionneur excentrique qui réside dans une vaste demeure délabrée, une infirmière-puéricultrice qui compense son manque d’enfant par un substitut de plastique et de chiffon, un vieux garçon, tueur en série à ses heures perdues, et qui vit avec sa vieille mère claviériste, un nain télékinésiste qui interprète le rôle de « Timide » dans un spectacle décalé de « Blanche-Neige ».


Composée de sept épisodes de 30 minutes, cette mini-série est décrite par les créateurs eux-mêmes comme une « comédie à énigmes composée de personnages sombres et qui convie l’étrange et le merveilleux ». Quand on découvre la photo de présentation du projet, de nombreuses images nous viennent à l’esprit. On pense d’abord aux romans de Stephen King et à ses adaptations sur pellicule - le clown sardonique fait indubitablement penser à celui de « IT » - mais aussi à l’univers dérangeant de David Lynch, par la présence du nain qui renvoie notamment à « Petit Mike », comme le réalisateur appelle affectueusement son acteur fétiche de petite taille, Michael J. Anderson. Car « l’inquiétante étrangeté », chère au cœur du réalisateur atypique, semble avoir également élue résidence à « Psychoville ».

Les deux initiateurs de ce programme, Reece Shearsmith et Steve Pemberton, endossent le costume de trois personnages principaux chacun. Ils utilisaient déjà ce subterfuge dans une autre série de la « BBC Two », qu’ils avaient également créée avec deux autres compères, « The League of Gentlemen ». Reece Shearsmith, dans son rôle du clown Mr Jelly, a décroché, pour l'instant, la palme de la meilleure interprétation.

Remplissant son office, le pilote introduit l’intrigue et nous permet de nous familiariser avec les nombreux personnages. Il laisse présager du meilleur, mais suscite aussi quelques craintes. Primo, l’abondance de références utilisées ne risque-t-elle pas de nuire, en définitif, à l’œuvre ? Car comme dit le proverbe « trop de cuisiniers gâchent la sauce ». Alors que le passé est sur le point de rattraper le quintet de manière néfaste, espérons simplement que le soufflé ne retombera pas lamentablement, à l’image d’une autre série à suspense, américaine celle-là, « Harper’s Island ».

Secundo, si certains pilotes favorisent la forme sur le fond, et ratent ainsi leur cible en délivrant une coquille vide, « Psychoville », avec son entrée en matière plutôt réussie, effectue le chemin inverse. Son premier épisode est captivant, et donne indubitablement envie d'en savoir plus, mais la mise en scène est convenue et ne brille pas par son dynamisme. Pourtant, quand on regarde les états de service du réalisateur, Matt Lipsey, on s'aperçoit qu'il a à son actif des séries comme « Jekyll » et « Little Britain ». Ce résultat modéré est-il volontairement recherché pour ne pas mettre les deux aspects « intrigue/mise en scène » en concurrence et créer ainsi une surenchère supplémentaire ?

Je réserve donc mon jugement définitif sur cette mini-série jusqu'au prochain épisode, qui sera diffusé le 25 juin prochain. « Mini-série » donc mais qui, si elle rencontre le succès auprès d'un auditoire conquis, devrait connaître, j'en suis persuadé, une suite. M'est avis que sa fin n'est pas fermée et qu'elle se clôturera par un « Cliffhanger » annonciateur de riches rebondissements.

Publié dans Psychoville

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article