« The Philanthropist » : « Myanmar » (épisode 2)

Publié le par tejipe

Dès le premier rendez-vous, « The Philanthropist » apparaissait comme une série foncièrement agaçante. En effet, cette nouvelle production « NBC » nous raconte l’évolution instantanée d’un milliardaire quinquagénaire, qui à la suite du décès de son jeune garçon, s’achète une conscience. Pour effacer les effets d’une mauvaise action dont il s’ampute la responsabilité, Teddy Rist va se consacrer corps et âme aux déshérités du monde entier et tenter, par tous les moyens, d’améliorer leur sort. L’idée de départ est censée  - il faut une motivation profonde pour qu’un personnage évolue – mais à la manière d’un individu qui monte pour la première fois sur une bicyclette, cette dernière se casse rapidement la figure.

Dans le second épisode, l’irritation franchit une étape supplémentaire. Car à cette objection, il vient se rajouter l’incongruité de l’intrigue, déjà apparente en filigrane dans le pilote, et qui laisse ici le spectateur totalement pantois.

Si Earl Hickey portait des vêtements élégants plutôt que des chemises à carreaux et qu’il dinait dans des restaurants prestigieux plutôt qu’à la « Crab Shack », il s’appellerait Teddy Rist. Mais là où il aura fallu attendre la troisième saison pour souhaiter que la série s’arrête, dès le second épisode de « The Philanthropist », le spectateur pique déjà du nez et ne peut s’empêcher de laisser échapper un bâillement. A l’instar de la petite frappe de Camdem, notre sémillant magnat possède-t-il lui aussi une petite liste jaune sous la forme d’un « Blackberry » dernière génération ?

Dans le pilote, Teddy Rist en personne était son propre publicitaire. Il révélait à une serveuse incrédule et amorphe dans un trou perdu combien il est un individu extraordinaire. Pour des raisons de changement, c’est son associé et meilleur ami, Philip Maidstone, qui assure dans « Myanmar » le service après-vente. Dans le troisième épisode, qui tiendra le rôle du narrateur partial, Madame Rist mère ?

A travers leur personnage du milliardaire au grand cœur, les « showrunners » de « The Philanthropist » ont voulu se faire plaisir. Teddy Rist, à l’image du président de couleur nouvellement élu, représente le visage d’une amérique qui a retrouvé son « A » majuscule. Fini le cynisme de l’époque de George W. Bush et de sa clique de « Néocons », place à Barack Obama et à son équipe de progressistes. Le terme de « capitalisme équitable » pourrait très bien s’attribuer aux actions menées par Teddy Rist et son associé ainsi qu’à leur multinationale. Du commerce mondial, oui, mais avec un grand cœur !

D’ailleurs dès l’introduction de ce deuxième épisode, Philip Maidstone remonte sacrement les bretelles d’un membre du conseil administratif particulièrement exaspérant. Le brave Teddy s’en va sauver la veuve et l’orphelin au puéril de sa vie et l’actionnaire, qui possède tous les attributs physiques du Républicain (vieux, sec et cassant), ne pense qu’à cracher son venin.

« La suspension consentie de l’incrédulité », contrat tacite établit entre le narrateur et le spectateur et qui se trouve à la base de l’acceptation d’un récit, les scénaristes s’en débarrasse d’un revers de main, comme on le ferait d’un insecte importun. 

C’est en effet, avec une facilité déconcertante, alors qu’il se trouve dans l’une des dictatures les plus implacables du monde - la Birmanie, en l’occurrence, que Teddy Rist franchit toutes les barrières militaires. Il est uniquement aidé dans son œuvre humaniste par un simple garde du corps, au demeurant assez pusillanime. Les difficultés s’effacent devant eux comme si dans le décor, un personnage tiers tirait les ficelles.

En résumé, les péripéties du protagoniste sont vraiment peu crédibles et elles ressemblent davantage à des récits mythologiques qui narrent les exploits d’un héros au cœur noble. On pense aussi au reportage posthume. Une fois mort, l’individu dont on dresse le portrait n’est drapé que de qualités. Il était bon, généreux et consorts. A chaque épisode, l’antienne reste la même, seuls les lieux et les paysages changent.

Theodore Rist - dont le deuxième prénom est, ce n’est pas un hasard, « Carl » - est une figure christique (« Theodore C. Rist ») - et Philip Maidstone est son apôtre de couleur. Ayant séché mes cours de catéchisme, je ne connais pas assez bien la vie de Jésus et de ses Saints pour pouvoir en jurer, mais peut-être que les péripéties de Teddy Rist renvoie peu ou prou à des scènes de la vie du « Fils de l’Homme ». Ainsi dans le prochain épisode, alors qu’il est voyage d’affaires à Paris, en compagnie de Philip Maidstone et son épouse Olivia, Teddy vient en aide à une prostituée et à ses consœurs. Cela renvoie à la rencontre du Christ et de Marie de Magdala, une de ses plus fidèles disciples et elle aussi, une pécheresse.

Publié dans Philanthropist (The)

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article