« Dollhouse » : « Needs » (Episode 8)

Publié le par tejipe

Dans cet épisode, si les « Dolls » ont retrouvé leur mémoire, le spectateur, quant à lui, commence à perdre sa patience. S’il s’attendait à connaitre les frissons des montagnes russes, l’attraction compte, malheureusement, plus de creux que de sommets. « Needs » est un épisode terriblement bavard et il possède l’énergie d’un grabataire radotant.

La scénariste, Tracy Bellomo - qui a déjà travaillé avec Josh Whedon sur « Angel » - a apparemment oublié une règle d’or de l’écriture scénaristique. Il ne faut jamais apporter des informations aux spectateurs par le biais des dialogues, quand on peut les lui faire passer par celui des images. La télévision est un media visuel et non pas une œuvre écrite. L’émotion, même si elle est poignante (voir, entre autre, la conclusion de l’épisode), est diluée dans des échanges interminables et hypnotiques. D’autant qu’à l’écran, un personnage se définit par ses actions, non par ses paroles.

L’épisode ne souffre donc pas tant d’un scenario qui manque d’originalité ou de profondeur, que d’un traitement narratif qui n’est pas adapté à la situation. En cela, il est aussi jouissif que l’excellent « Man in the Street ». L’appréciation de l’épisode écrit par Whedon s’opérait de façon évidente et immédiate.

Avec « Needs », ce n’est pas le cas. Plusieurs visionnages sont nécessaires pour saisir toute la portée émotionnelle de son message. Sa compréhension et son appréhension total ne se fait qu’à cette condition exclusive.
En dépit de cela, de nombreuses autres faiblesses obèrent sa réception.

La mise en scène est plate et sans originalité, à l’extrême limite de l’indolence. Seul un plan de quelques minutes - au moment où les « Dolls » émergent en nombre du parking, à la lumière du jour - fait illusion. Après réflexion, la séquence évoque une publicité mal inspirée.

Je commence vraiment à croire que « D.H. » est un programme largement destiné aux « adolescents boutonneux». Il n’y a qu’à voir cette pathétique ouverture durant laquelle les corps, à demi-dévêtues, se frôlent sous la douche. C’est entendu ! Les « Dolls » sont physiquement attrayants, Echo en tête. Est-on obligé d’en faire un étalage perpétuel ? Personnellement, je craque pour l’opulente et touchante Mellie ; cette constatation n’est pas suffisante. C’est d’une série dont il est question ici, non d’une publicité pour lotion destinée à combattre l’acné ! Qui les créateurs pensent-ils émoustiller avec cette démonstration facile de torses nus, d’épaules dénudées et de mollets galbés ?

Le spectateur a du mal à éprouver de l’empathie pour les personnages. Ces derniers sont trop nombreux ; le scenario - trop volage - s’éparpille et ne s’attarde sur aucun d’eux, en profondeur. Les caractères ne sont que des ébauches caricaturales. Le spectateur suit donc l’escapade des « Actifs », sans grande conviction.

Est-il nécessaire d’évoquer la prestation désastreuses des acteurs ? Victor, au menton en galoche, possède le regard d’un labrador sous tranquillisant. Il ressemble à un « Aldo Maccione » adolescent. Topher Brink joue toujours aussi mal ; mais ce n’est plus une nouveauté. Je pense même faire circuler une pétition mondiale, auprès des fans de « D.H. », pour faire virer cette « tache » du programme. Mes craintes concernant le jeu d’actrice d’Eliza Dushku sont définitivement avérées. Elle possède un registre émotionnel limité dont les principales variantes consistent à arborer une mine boudeuse ou une expression d’incompréhension. Même l’actrice principale de « Fringe », la blonde Anna Torv, possède plus de charisme, avec sa beauté paisible de femme mature.
Seules Sierra et Adele DeWitt tirent, assez brillamment, leur épingle du jeu.

L’insipide Vincent Ventresca - acteur qui interprétait le bien nommé « Homme Invisible » (qu’il soit « Nouveau » ne changeait rien à l’affaire) - fait une courte apparition. Il endosse le costume de Nolan, un individu qui a abusé de Sierra et qui l’a plus ou moins vendue à la « DollHouse ». Victor le frappe à plusieurs reprises. Méritait-il un autre traitement ? Sa présence édulcoré apporte du grain à moudre aux détracteurs qui qualifieraient « Needs » d’assommant.

L’épisode sacrifie à la chanson éthérée et mielleuse de la fin (comme dans « Echoes »). La vitalité de la composition pop-rock qui accompagnait la scène d’ouverture du pilote, « Ghost », ne laissait pas entrevoir cette baisse de régime. Dans ce cas particulier, il est vrai que la chanson utilisée,  « Lonely Ghosts », (interprétée par le groupe O+S), possède des paroles et une cadence appropriées à la situation des « Actifs » : « We stayed because we don’t know where else to go ».

Quant à la morale qui conclut l’épisode - les individus ont rejoint la « Dollhouse » dans le but de s’affranchir de souvenirs traumatisants (la mort de sa fille Katie, pour Mellie/November) - elle constitue une motivation un peu faible. Tel un félin, l’agence retombe sur ses pattes, ses agissements que l’on croyait partisans seraient en fait altruistes. Le libre-arbitre des « Actifs » est donc sauf. Ce qui est faux, car l’agence considère ces « protégés » comme ses « animaux de compagnie », non comme ses  « enfants » (dixit M. Dominic).

Adele DeWitt fait preuve, dans cet épisode, d’un machiavélisme particulièrement échevelé. Elle court-circuite les agissements répétés du mystérieux individu (Alpha ?) qui veut redonner la mémoire aux « Actifs », afin qu’ils fuissent s’enfuir de leur prison dorée. En poussant ces derniers à affronter la dure réalité, leur présence au sein de la « D.H. » est remise en question. Ils deviennent des serviteurs volontaires et soumis. La rébellion des jeunes pousses est ainsi subjuguée de manière tortueuse et terriblement efficace.

Le spectateur doit désormais compter sur différents types d’épisodes. Ceux de la trempe développés par Whedon ; il les apprécie sur l’instant comme de bons fruits juteux remplis de sucre. Ceux dans la veine de Bellomo ; il devra les laisser fondre longuement sur la langue, jusqu’à attendre que toute la saveur en soit libérée.

P.S. : J’ai aussi remarqué que la série était une publicité ambulante pour la marque de matériel informatique « Dell ». Le logo apparait régulièrement à l’écran. A tel point que le show aurait pu s’intituler « DellHouse ».

Publié dans Dollhouse

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