« Party Down » : « Investors Dinner » (Episode 4)

Publié le par tejipe

Cette semaine, l’hôte de l’équipe de « Party Down » est un séduisant quinquagénaire, Tony Corolla. Cet homme d’affaires organise dans sa superbe propriété une réception dont le but est de lever des fonds auprès de riches investisseurs. Il souhaite lancer au Mexique un projet immobilier de luxe par l’entremise de sa société, « Gumption & Guts » (« Du Bon Sens et des Tripes »).

Au début de l’épisode, Constance ramène à Roman un pistolet Beretta qu’elle a subtilisé sur le tournage d’une série dans laquelle elle a tenu le rôle succinct d’une prostituée. Le Beretta est littéralement un « Chekhov's Gun », une technique narrative et dramatique développée par Anton Tchekhov. Le pistolet qui réapparaitra (et qui le doit, sinon - selon le dramaturge russe - sa présence dans l’œuvre est superfétatoire) est un objet secondaire, en apparence, mais qui revêt une importance capitale dans l’histoire. Le procédé est détourné car le romancier fait référence à un pistolet chargé alors que là, le Beretta n’est qu’un accessoire.

La brune Casey adresse d’ailleurs un « clin d’œil » au spectateur, alors qu'elle interpelle Ron : « Tu sais ce que l’on dit à propos d’un pistolet dans le premier acte ? ». « Le premier acte de quoi ? » demande le blond Kyle.

Tous le membres de « P.D. » sont animés de réactions ambivalentes par rapport au cadre luxueux dans lequel ils évoluent. Ces dernières vont de l’admiration quasi-béate de l’obséquieux Ron au dégout affiché de Casey la révoltée.

Apparemment, les créateurs de la série ont décidé de faire de Roman - le serveur à lunettes - un personnage antipathique et peu apprécié du reste du groupe ; une sorte de victime « propiatoire ». Il est frustré sexuellement et fantasme sur le sexe opposé. Voila ce que représente, à ses yeux, la réussite sociale : avoir accès à des femmes qui portent des strings et qui se rasent le sexe.

Petit à petit, au sein de ce cadre idyllique, les apparences volent en éclats. Plusieurs éléments mettent la puce à l’oreille du perspicace Henry et de Casey, qui l’accompagne désormais dans tous ses déplacements. Aucun téléphone ne fonctionne dans la demeure, l’équipe des serveurs (ainsi que les convives) ont ordre de restreindre leurs déplacements à la pièce principale, Henry reconnait Ted Yang, un invité d’origine asiatique avec qui il a suivit des cours de théâtre, etc. Mais si Ron commence à bien connaitre les lascars qui travaillent sous ses « ordres »,  il n’en est pas de même de Tony Corolla.

Une excursion à l’étage finit de convaincre les deux tourtereaux. Quelque chose de louche se trame derrière ce qu’ils subodorent être, de plus en plus, une arnaque et une mise en scène pour plumer des pigeons. Il n’y a pas de médicaments dans la salle de bains, chose impossible dans un pays où une population dépendante vit sous la férule du lobby pharmaceutique.

Henry met les autres serveurs dans la confidence et s’apprête à en faire autant auprès des invités. Mais comme la plupart sont odieux et prétentieux – notamment, celui venu accompagné de son chauffeur et garde du corps noir - il se ravise. Henry est tout de même obligé d’entrer en scène quand Ron – habité par des idées de grandeurs - désire également rejoindre le projet immobilier et investir les économies de toute une vie dans l’affaire douteuse. Il signe un chèque conséquent et le tend à un Tony, tout de même circonspect. Henry intervient « in extremis » avec sa révélation fracassante auprès d’une audience aussi médusée que dubitative.

Quand pour assurer ses arrières, l’escroc sort un pistolet, Ron s’imagine qu’il s’agit du faux Beretta, qu’il avait rangé dans son sac et qui a été repris par Roman. Ron jubile et joue au héros devant une assemblée littéralement aplatie au sol. Quand il s’aperçoit de sa méprise, son visage se décompose et sa vessie se relâche. Il finit recroquevillé sur le tapis, dans une position fœtale.

Hormis le « Chekhov's Gun », l’épisode revisite aussi le comique de répétition. Avant d’uriner sur la moquette, qu’il devra ensuite nettoyer, le chef de « P.D. » a été obligé de ramasser les déjections que le petit chien d’une invitée avait laissé sur le sol.

Cet excellent épisode de « Party Down » est co-écrit par Rob Thomas, le co-créateur de la série. « Investors Dinner » est un épisode virtuose à l’écriture finement ciselée. Les éléments narratifs se mettent lentement, mais sûrement, en place pour converger vers l’apothéose de la scène finale.

Il est entrecoupé de révélations et de scènes faussement humoristiques, comme celle dans laquelle la pauvre Constance offre une imitation de vache à un jeune producteur. Le fourbe lui fait miroiter un rôle dans un film pour enfants, inspiré d’une comptine, « Old Mac Donald ».

Cet opus à la tournure acide se veut une critique du monde des affaires. Il pointe du doigt les apparences trompeuses de la réussite sociale et les travers qu’il faut emprunter pour y parvenir.

Un faux pistolet, un faux homme d’affaires, un faux investisseur passionné. Que du Toc ! Il n’oublie pas néanmoins d’égratigner au passage, les acteurs et les scénaristes de pacotille qui se la racontent. Constance, dans son rôle de prostituée, se vante qu’une seule réplique lui suffit pour créer un personnage profond. En fait, tout le monde - invités et serveurs - en prennent pour leurs grades !

Après Ed Begley Jr, qui apparaissait dans l’épisode précédent de « P.D. », c’est deux autres transfuges de « Veronica Mars », Daran Norris (Tony Corolla) et Ryan Devlin (le jeune producteur farceur) qui sont présents au générique. Quant à Richard Fancy (qui interprète Gerard Lynch, l’invité désagréable), on l’a vu tout récemment dans l’épisode 3 de « Better off Ted ». Il joue le patron d’une autre Veronica, Veronica Palmer, la supérieure de Ted.

Publié dans Party Down

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