« Harper's Island » : « Whap » (« frapper durement ») (Pilote)

Publié le par tejipe

Pitch : Sur Harper's island, John Wakefield, un psychopathe, massacre six personnes, dont la mère de la protagoniste, Abby Mills. Sept ans après, un enfant du pays, ainsi que la fille d’un riche propriétaire qui possède une résidence sur place, retourne sur le sol maudit pour célébrer leur mariage. Le navire - bondée de convives - qui relie la terre ferme à l’île, a tout juste lever l’ancre qu’une victime est déjà à déplorer. Le meurtrier frappera de nouveau durement en fin d’épisode. Il en sera ainsi durant les 13 rendez-vous hebdomadaires que compte cette série, décrite comme un croisement entre « Scream » et « Dix petits Nègres ».

« Harper's Island » est une série à ne vraiment pas appréhender au premier degré. Ce n’est qu’à cette condition « sine qua non » que le spectateur peut passer un très agréable moment devant son écran.

Les ingrédients habituels d’un « Slasher Movie » (précisons, très soft) sont réunis dans cette série CBS. Elle recycle les incontournables effets du genre sans y apporter un soupçon d’originalité, histoire de donner une saveur nouvelle à la recette. Les créateurs ont tout de même saupoudré le tout d’inspiration « Kingienne » au rabais ; la gamine de l’expédition possède des dons de voyante.

Dés les premières notes de musique qui égrènent les festivités sur le navire faisant la navette entre le continent et l’île, le spectateur sait pour quelle destination il embarque. Une fois sur le fameux bout de terre, le chemin est tellement balisé qu’il ne risque pas de se perdre. Pendant 13 semaines, poncifs et clichés vont donc lui être servi à la pelle. Ah ! Oui ! Un ou deux invités du mariage de Trish Wellington et d’Henry Dunn (« La princesse et le pouilleux » comme on surnomme le couple sur l’île) passeront à la trappe. Mais il y a tellement de nourritures, qu’il restera toujours des victuailles sur le buffet.

Les « Slasher Killers » sont comme les généraux, ils aiment la chair tendre et fraiche. Et Dieu sait qu’une belle cargaison vient d’être livrée à domicile par navire-express. Le tueur n’est, bien sûr, pas identifié et le mystère va planer jusqu’à la fin.

Le père Wakefield ne peut être mise en cause dans cette nouvelle vague de meurtres sanglants car il a été exécuté. Mais les adeptes du genre vous le diront mieux que moi : « A Slasher Killer Never Die » !

Sur Harper’s Island, deux communautés antinomiques s’affrontent. D’un côté, les pêcheurs (cons de pauvres) qui y résident en permanence et de l’autre, les nantis (salauds de riches) qui y viennent en villégiature. Le personnage d'Abby Mills - amie d’enfance du sémillant marié - fait la navette entre les deux mondes, ménageant la chèvre et le chou. Va-t-elle nous démontrer que les « méchants » existent des deux côtés de la barrière ?

Le spectateur ne peut entrevoir si le meurtrier appartient à une famille ou à une autre, car dès le pilote, chaque clan paye son tribut au psychopathe. Un à un, la bal au centre.

Le riche père Wellington fait évidemment un suspect de poids car il regarde d’un très mauvais œil l’union des deux familles. Voir sa chère fille épouser un graisseux, même s’il est plutôt mignon, la pilule est dur à avaler. Il a gardé de très bonnes relations avec l’ex-fiancé de sa fille, qui s’est invité à la fête sans y être nullement convié. Papa a peut-être sacrifié un des siens pour semer le doute dans l’esprit du spectateur et de la communauté.

Les fausses pistes - Les fameux « Red Herrings » du genre (ce qui semble tout indiquer pour un village de pêcheurs) - sont lâchés et il y a en plein les filets.

La brève croisière n’a même pas commencé que le spectateur se demande déjà qui peut être le sanglant meurtrier de Harper's Island ? Les paris sont ouverts ! Chacun peut y aller de ses supputations, sérieuses ou délirantes, car c’est aussi cela le but d’un tel programme.

Est-ce le faux frère d’Hurley, avec son surpoids et ses rouflaquettes passés de mode. Il en veut au monde entier de ne pas être attirant, mince et musclé. Il décide donc de prendre sa revanche sur tous les « Beautiful people » de l’île ?

Est-ce « Le black de service », avec sa peau d’ébène et ses dreadlocks passés de mode. Il en veut au monde entier de ne pas être blanc et riche. Il décide donc d’éliminer toutes les « blanche-neige » de l’île. Pourtant, il devrait se raviser car Barack Obama a gagné les élections et désormais lui aussi peut accéder aux plus hautes instances du pouvoir ?

Est-ce le frère du jeune marié, J.D., le « bad guy » au corps recouvert de tatouages sataniques. Il a vendu son âme au diable contre un paquet de cigarettes et une canette de bière et désormais, le prince des ténèbres dirige ses moindres faits et gestes ? Une énigmatique inscription - « ViHdico » - est tatouée sur son bras droit. La production a lâché cette piste en pâture à la horde des fans purs et durs qui vont désormais écumer fébrilement le net à la recherche de sa signification.

L’acteur qui interprète le blond Cal Vandeusen est tellement insipide qu’il bat Fran Kranz (alias Topher Brink de « DollHouse ») haut la main. Je n’imaginais même pas que l’on pouvait être aussi fade ! Ce personnage fluet est-il pour autant à éliminer... de la liste des suspects, s’entend ?

Je me suis parfois tellement ennuyé devant ce spectacle archi-convenu, que j’ai commencé à inventer mes propres histoires. Et si le fantôme de John Wakefield s’était réincarné dans le corps de Madison, la nièce de Trish. Elle est née au même moment des meurtres. Une gamine qui brûle un innocent escargot, en dardant les rayons du soleil au travers d’une loupe, est capable des pires atrocités, même de découper un quinquagénaire en deux. D’autant plus que les esprits lui parlent. Elle réveillent ses parents en pleine nuit pour les mettre dans la confidence : « Did you know people died here ? People died on this island. My new friends told me». Cette gamine est bizarre ; elle me fout vraiment les jetons. Ses géniteurs devraient l’enfermer dans un sac et la jeter à la mer avant qu’elle ne tue de nouveau.

Aucune humiliation ne sera épargné à ce pauvre spectateur. Ni le spectacle de jeunes filles en sous-vêtements affriolants, toutes plus sexy et filiformes les unes que les autres, ni les fausses frayeurs de Prisunic© : faux doigt coupé, sirène de bateau qui résonne, mouette qui s’écrase sur les en-cas des invités hystériques, fausse noyade et même un cri de terreur qui se transforme en cri... d’orgasme.

Et si la principale victime de cette boucherie ne se trouvait pas sur l’île, mais de l’autre côté de l’écran ? J’exagère à peine.

Le spectacle n’est pas vraiment mauvais en soi, mais il manque terriblement de tonus. L’intrigue est assez conséquente car elle doit gérer beaucoup d’éléments (personnages et situations). Elle est à l’image d’une usine à gaz, elle a du mal à se mettre en marche. Gageons que les choses s’amélioreront dés la semaine prochaine. Il sera vraiment tant alors de rentrer dans le vif du sujet, une fois que décors et personnages auront été mis en place. Le spectateur trouvera ses repères dans ce salmigondis déroutant.

La réalisation signée John Turtletaub ne brille pas par son ingéniosité, ni par sa virtuosité, hormis un plan ou deux, dont celui de l’arbre aux pendus. D’ailleurs en visionnant ce passage, on se demande comment John Wakefield a pu hisser ses six victimes et les accrocher ou les pendre au sommet de l’immense arbre-potence. Sacrément costaud, le gaillard !

Dans le prochain épisode, je mettrais la main de Cal Vandeusen à couper que l’on va découvrir un blessé par balle. On va nous faire croire qu’un des projectiles que l’oncle Marty a tiré sur son agresseur avant d’être découpé en deux, a fait mouche !

Car c’est l’élément le plus original (et l’un des personnages les plus âgés, également) qui meurt en premier. Comme il est d’usage à une veillée mortuaire de dire « les meilleurs partent toujours en premiers ».

Publié dans Harper's Island

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